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Le prince et le prophète

Ce titre est celui de l’ouvrage du pasteur Claude Duvernoy (1), parti en 2016 après un long ministère consacré à rappeler aux chrétiens l’importance d’Israël et de l’amour de Sion. Véritable témoin de l’Histoire, il a laissé un testament poignant à l’adresse des chrétiens : « Que ce ne soit pas seulement les noms de la Bible, et quelques ruines, qui vous émeuvent là-bas, quelques lieux saints décevants et trompeurs… Ne laissez pas Israël seul aplanir les montagnes ! »

C’est Claude Duvernoy qui a remis en lumière l’héritage du pasteur William Hechler (Shalom Israël), fidèle compagnon du « Prince » Theodor Herzl. Hechler fut pour lui « le prophète », partageant les promesses bibliques et lui ouvrant les portes des grands de l’Europe — le Sultan, le Kaiser, le Pape. Mais aucun de ces puissants, imbus d’eux-mêmes, ne permit à Herzl de réaliser son projet visionnaire : établir l’État d’Israël.

Le premier Congrès sioniste

Alors qu’Israël inaugure cette semaine le 39ᵉ Congrès sioniste, il est bon de se souvenir du tout premier. À Bâle, dira Theodor Herzl, « j’ai fondé l’État juif ». La réunion devait d’abord se tenir à Munich, mais l’opposition virulente des rabbins locaux contraignit à la déplacer à Bâle, en Suisse. Du 29 au 31 août 1897, Herzl ouvrit donc le Premier Congrès sioniste mondial, réunissant près de 200 délégués venus d’Europe, de Russie, de Palestine et des États-Unis, dont une poignée de chrétiens sionistes invités. Son discours d’ouverture fut historique : « Nous sommes ici pour jeter les fondations de la maison qui abritera le peuple juif ».

« Dans 5 ans, dans 50 ans certainement »

En 1896, Herzl publia Der Judenstaat (L’État des Juifs), ouvrage fondateur du sionisme moderne. Il y analysait la question juive et proposait une solution politique et prophétique : un État pour le peuple juif. Aujourd’hui encore, nous mesurons combien ce projet était vital — et combien il l’est de nouveau, face à la montée de la haine et des menaces. Herzl mourut en 1904 sans voir l’accomplissement de sa vision. Les « grands de ce monde » consultés avec l’aide de Hechler n’auraient pu lui ouvrir la porte : ce n’était pas encore l’Heure. Car Herzl avait prophétisé : « Dans cinq ans peut-être, dans cinquante ans certainement ». Et de fait, cinquante ans plus tard, le 29 novembre 1947, les nations votaient en faveur de la création d’un État juif.

La Restauration des Juifs en Palestine

Cinquante ans : un Jubilé, symbole de délivrance, de remise des dettes et de restauration de la terre. La terre d’Israël, en friche depuis deux millénaires, devait retourner à ses véritables héritiers.

Dès 1893, Hechler avait publié une brochure prophétique : « La Restauration des Juifs en Palestine selon la prophétie » dans laquelle il annonçait que les jours du salut d’Israël commenceraient en 1897–1898. Il fondait ce calcul sur le livre de Daniel, évaluant le « mois prophétique » à trente jours/années, soit 1260 ans à partir de la conquête de Jérusalem par le calife Omar (637–638), arrivant ainsi à 1897–1898. C’est bien cette année-là que s’ouvrit le Premier Congrès sioniste !

À la mort du Prince Herzl, Hechler parcourut l’Europe en prêchant la prophétie biblique. Quand on lui demandait s’il croyait voir l’État juif de son vivant, il répondait simplement : « Le Seigneur a ses temps. Mais j’ai vu le commencement, et cela suffit ».

Jerry Klinger (LIEN), fondateur de la Jewish American Society for Historic Preservation, a écrit : « Le sionisme politique et l’État moderne d’Israël doivent beaucoup à la volonté farouche de Theodor Herzl. Sans un chrétien, Herzl serait resté un écrivain autrichien obscur. C’est le révérend William Hechler et la dette du sionisme envers lui, qui sont oubliés …

… Les dernières années d’Hechler furent marquées par la pauvreté et l’oubli. Il vécut modestement dans une petite maison à Richmond, près de Londres, entouré de ses livres, de ses cartes de la Palestine et de quelques souvenirs de Herzl.

Le Révérend William Henry Hechler mourut en janvier 1931, à Londres. Il avait 86 ans. Il fut enterré dans le cimetière de Richmond, sans cérémonie, sans pierre tombale, sans descendants. Ce n’est qu’après la fondation de l’État d’Israël, en 1948, qu’on découvrit son nom dans les archives du Zentral Zionistenarchiv de Jérusalem. Parmi les papiers de Herzl se trouvaient plus de 60 lettres signées W. Hechler. Ces lettres, pleines de ferveur et de vision, révélaient la profondeur de leur amitié. On y lisait des phrases comme : « Ne craignez rien, cher docteur. Les nations se lèveront contre vous, mais Dieu sera votre force ». En 2001, le gouvernement israélien décida d’ériger une pierre commémorative sur la tombe du Révérend Hechler, à Richmond ».

Juifs et chrétiens, nous devons connaître l’Histoire et discerner la main de Dieu dans les événements des nations. Il incline le cœur des rois, abaisse les orgueilleux, et accomplit Ses desseins envers Israël.

« Car l’Éternel des armées a résolu, et qui s’y opposera ? Sa main est étendue, et qui la détournera ? » – Ésaïe 14 :27

(1) Né à Nancy en 1929, historien et théologien protestant, spécialiste de la prophétie biblique, Claude Duvernoy a acquis la nationalité israélienne et a vécu 54 ans à Jérusalem. Héritier spirituel de Jules Isaac, le fondateur des Amitiés judéo-chrétiennes, il a annoncé, pendant de nombreuses années, l’accomplissement prophétique biblique. Claude Duvernoy a été aussi chargé de mission à maintes reprises, par les Affaires Etrangères de l’Etat d’Israël. Juste après la guerre de Kippour en 1973, il fonde, avec son épouse Marianne et le pasteur Adolphe Hunziker de Genève, « Action Chrétienne pour Israël », un fonds de secours en faveur des familles dans le besoin. Lauréat de l’Académie Française, et de la Ville de Jérusalem, il est l’auteur de plusieurs livres, dont son fameux « Moïse ».