Il est frappant de constater combien le livre de Daniel évoque les temps prophétiques liés à la confrontation avec l’empire grec : Alexandre, les royaumes qui lui ont succédé, et Antiochus Épiphane, figure annonciatrice de l’Antichrist. Dans ce contexte, la fête de ‘Hanouka revêt une importance particulière, tant pour les Juifs que pour les chrétiens.
‘Hanouka rappelle la victoire des Maccabées et la purification du Temple de Jérusalem après la domination grecque, au IIᵉ siècle avant notre ère. Lors de la re-consécration du Temple, une petite fiole d’huile, suffisante pour un seul jour, brûla miraculeusement pendant huit jours. C’est pour rappeler ce miracle et cette victoire spirituelle que, chaque soir de la fête, les Juifs allument une bougie supplémentaire sur la ‘Hanoukiah, le chandelier à neuf branches, proclamant ainsi que la lumière triomphe des ténèbres.
Antiochus ne chercha pas seulement à dominer la Judée, mais à effacer l’identité juive par l’hellénisation. Ce combat pour l’identité traverse les siècles. Aujourd’hui encore, Israël y est confronté, tout comme l’Église, lorsqu’elle se coupe de ses racines hébraïques au profit d’une théologie façonnée par l’hellénisme : théologie du remplacement, vision amillénariste, et parfois modèles ecclésiaux hérités davantage de Babylone que de Jérusalem.
Judas Maccabée ouvrit une brèche décisive en battant l’armée grecque, et permit la purification du Temple et la restauration du culte. Makabi (d’où le terme Maccabée) est un acronyme formé des premières lettres du verset biblique : « Mi kamokha ba’elim YHWH » (Exode 15.11) – « Qui est comme Toi parmi les dieux, ô Éternel ?». La notion de brèche se retrouve dans le prophète Michée (2 :13) : « Celui qui fera la brèche montera devant eux ; ils feront la brèche, franchiront la porte… Leur roi marchera devant eux, et l’Éternel sera à leur tête ». Dans ce verset, trois personnages sont représentés : le Poretz, celui qui fait la brèche, ouvre la porte et brise les forteresses, le Roi des rois, et l’Eternel Dieu.
À ‘Hanouka, Jésus se trouve à Jérusalem, dans le Temple : « On célébrait à Jérusalem la fête de la Dédicace (‘Hanouka). C’était l’hiver. Jésus se promenait dans le Temple, sous le portique de Salomon » (Jean 10.22). L’évangile de Jean précise étonnamment ce contexte. La question posée par les autorités religieuses est directe : « Si tu es le Messie, dis-le-nous ». Autrement dit : « es-tu le Poretz, Celui qui ouvre la brèche » ? Jésus répond, non par un slogan, mais par une révélation progressive : « Je suis la porte », « Je suis le bon berger », « Le Père et moi, nous sommes un ». Jean 10 devient alors comme une parabole, un midrash vivant de Michée 2:13.
‘Hanouka parle aussi de notre ADN spirituel. Sans racines, un arbre se dessèche. L’Église a besoin de retrouver l’ensemble de la révélation biblique pour ne pas être emportée face aux virus doctrinaux. Chuck et Karen Cohen écrivent dans Les racines de notre foi : « Pour ne pas être balayés à tout vent de doctrine, nous avons besoin que la révélation de Dieu dans son ensemble fortifie notre foi… Sans racine, un arbre est coupé de sa source de vie. Cette réalité reflète l’état d’une grande partie de l’Église chrétienne ».
Enfin, si Jésus est la Porte, Il est également Celui qui frappe à la porte. À Laodicée, Il s’adresse à des chrétiens religieux mais tièdes, les appelant à une communion restaurée. Il ne vient pas seulement transmettre une doctrine, mais révéler le peuple juif auquel Il s’identifie (Jean 4 :22), le Père qui nous enlace de Ses bras d’amour, et l’Esprit qui embrase les cœurs. Il est le Poretz et le Roi des rois, le Shamash de ‘Hanouka – Celui qui illumine le monde.
En ce 1er jour de ‘Hanouka, nous nous associons à la douleur des Juifs d’Australie dans cet attentat meurtrier, et prions pour les soldats en Israël, toujours sur le front