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Dans les montagnes de Jérusalem

En ces jours d’incertitude, quand les grands de ce monde s’inquiètent de la bonne santé de notre planète, nous voulons revenir à la source, à l’ancrage des croyants dans le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, je veux dire la Bible. La Bible, ou Tanakh, nous parle des plans divins qui s’accomplissent pour le bien de l’humanité. Le sionisme et l’amour de Sion, c’est cela. Depuis le 19e siècle, nous sommes dans le Bayom haHou – « le Jour de Dieu » – les colombes reviennent dans le colombier, les aliyot se multiplient et les villes anciennes sont réhabitées par leurs propriétaires, les enfants d’Israël. Le sionisme est l’ancrage des croyants, et il est bon d’illustrer par des exemples concrets ce que cela représente. Les montagnes de Jérusalem ont notamment une vraie importance dans la Bible, « elles ne chancellent pas » (Ps 125).

Aujourd’hui, notre ami Werner S. m’a offert une bouteille de Slivoviz, une Eau de vie de Prune/Quetsche produite en Europe centrale – du 55 degré ! Cela me donne l’occasion de parler du dernier tyoul de Hashorashim(1), avec qui nous avons visité une distillerie qui vaut la peine d’être connue, et d’autres sites intéressants. Beit Shemesh (30 km de Jérusalem), se situe dans les montagnes de Jérusalem. Beit Shemesh est mentionnée dans la Bible dans le livre de Josué (Jos 15:10 ), comme une ville sur le territoire de la tribu de Juda ; cette ville était une des 13 villes données aux cohanim (Jos 21 :16-19).

Une distillerie familiale

« Hollander Distillery » est une distillerie familiale spécialisée dans la production de boissons alcoolisées à base de fruits et de produits locaux. L’entreprise familiale, qui a débuté en 1930 et a fermé en raison de la Seconde Guerre mondiale, a rouvert en 2017 cette fois en Israël dans les montagnes de Jérusalem.

La première mention d’une cave et d’une distillerie est celle du rabbin Its’hak Isaac Hollander dans la ville de Nitra en Slovaquie. Son épouse Alta Ital, Leah Hollander, née Sheinfeld, est la vinificatrice de la cave. En 1941, R. Sheinfeld, l’arrière-grand-père de la famille Hollander, fuit pour la Palestine, mais hélas vit son bateau dérouté, et fut emmené dans un camp de détention en Italie, où il utilisa ses connaissances : il construisit une distillerie avec les moyens du bord dans le camp, et distilla de l’alcool pour les gardiens.

Après la guerre, la famille retourna à Nitra et découvrit le vol de leur cave. Alors, en 1947, Yossi et Akiva, deux membres de la famille, immigrèrent en Eretz Israël pour rejoindre leur grand-père R. Sheinfeld. Yossi fut tué lors de la guerre d’indépendance, 9 jours après la création de l’Etat hébreu. Après la mort de Yossi, le reste de la famille fit son aliyah.

Après maintes péripéties, c’est en 2012 que la distillerie Hollander fut construite à Beit Shemesh, mais encore hélas, un incendie en 2016 réduit à néant leurs espoirs. Ils recommencèrent, et enfin en 2019, la distillerie put reprendre vie, obtenant en outre les autorisations gouvernementales israéliennes.

Une fromagerie

Iza Pziza Dairy : au pieds des montagnes de Jérusalem, dans le moshav Tal Shahar, se trouve la ferme familiale « Aziza Pziza » qui élève un troupeau de 80 chèvres, et propose à sa boutique des produits laitiers et du fromage. Le site offre une expérience rurale aux groupes et visiteurs de tous âges. On peut manger à Iza Pziza, et en plus des produits laitiers, on peut avoir du café et des pâtisseries à l’épicerie fine et organiser un pique-nique. On y trouve différents produits : des biscuits salés, des olives et de l’huile d’olive, du miel, du vin et du bon pain.

Nous avons eu le plaisir de fabriquer notre propre fromage de chèvre, chacun du groupe recevant 1 litre de lait chaud à point et les ingrédients – yaourt, vinaigre, sel et autres épices.

Le musée du Tanakh

« Le Musée Biblique d’Histoire Naturelle, situé face à l’entrée de Beit Shemesh en Israël, est une institution unique à la fois zoo, musée d’histoire naturelle et complètement éducative et amusante ! Il présente le monde animal de la Bible dans toute sa diversité. Les visites se font via des visites guidées, incluant des expériences pratiques ! Grâce à la visite passionnante et interactive, les visiteurs apprennent les identités et le symbolisme des animaux du Tanakh, comprennent quelle corne d’animal fait de vrais shofars, reçoivent des leçons sur les valeurs juives, la Torah et l’histoire naturelle de l’Israël biblique ».

Burma road et ‘Mickey’ Marcus

Enfin, parlons de cet événement historique, d’un endroit dans la forêt où nous pouvons visualiser le parcours de cette route de plusieurs kilomètres (une marche intéressante aujourd’hui à faire) dans les montagnes de Jérusalem.

Un peu d’histoire : le 15 mai 1948, à la guerre d’indépendance, les forces britanniques se retirèrent du monastère de Latroun et du poste armé qui dominaient la route et empêchaient le ravitaillement pour Jérusalem. Latroun fut immédiatement occupé par le Palmach de la brigade Harel. Cependant, dans la nuit du 18 mai, les forces de la Légion arabe s’emparèrent de Latroun, et les tentatives juives ultérieures pour reprendre le poste échouèrent.

Au début de la guerre, la population juive de Jérusalem s’affaiblissait considérablement sans ravitaillement. Il y avait pénurie de nourriture, d’eau, de carburant et de médicaments. Ben Gourion et les chefs de la Haganah craignaient que la ville ne se rende à la Légion arabe, et l’on commença à rechercher le moyen de contourner le blocus arabe.

C’est là qu’intervient David Mickey Marcus, un officier américain recruté par Ben Gourion et qui eut rapidement la grade de « Alouf » (général). Marcus fit construire la « Route de la Birmanie vers Jérusalem » – une route sinueuse traversant un terrain accidenté, surnommée ainsi d’après la voie de ravitaillement vers la Chine pendant la Seconde Guerre mondiale. Elle fut ouverte aux véhicules le 10 juin, rompant le siège de Jérusalem, la veille de l’entrée en vigueur d’un cessez-le-feu des Nations-Unies. Grâce à Mickey Marcus, la ville de Jérusalem fut sauvée. Cela n’a pas empêché des Jordaniens d’occuper une partie de la ville pendant 19 ans, détruisant toutes les synagogues de la Vieille Ville. Ces 19 ans sont très symboliques des 19 siècles de l’exil des Juifs hors de la Terre.

Mickey Marcus, juif de Brooklyn, est ainsi une figure légendaire (tué accidentellement par une sentinelle israélienne le 10 juin 48). Il fut inhumé au cimetière de l’Académie militaire de West Point, avec sur la pierre tombale cette inscription : « A Soldier for All Humanity » (un soldat pour l’humanité entière). David Ben Gourion a simplement dit à sa veuve, Emma : « Le meilleur homme que nous avons eu ». Un monument dédié à sa mémoire se trouve à Telze-Stone (Kiryat-Yéarim), près d’Abou Ghosh.

  • Son histoire a donné lieu un film sous le titre de « L’Ombre d’un géant » (Cast a Giant Shadow, de 1966). Mickey Marcus y est interprété par Kirk Douglas et en guest star, on peut noter la participation de Yul Brynner, John Wayne et Frank Sinatra. Le film français « Ô Jérusalem » de 2006 comprend également l’évènement du ravitaillement héroïque de Jérusalem.

« Comme Jérusalem se trouve entourée de montagnes, de même l’Eternel entoure aussi son peuple, dès maintenant et à jamais » – Psaume 125

(1) Hashorashim propose des tyoulim dans le pays, avec comme but de « découvrir ceux qui font Israël ».

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