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Ad Halom. Pas plus loin !

Lors d’un tyoul, une excursion avec nos amis d’Hashorashim, nous avons visité le Mémorial de la bataille du pont de Lakhish, un ancien pont mamelouk à la valeur stratégique exceptionnelle. Ce lieu marquait la limite nord atteinte par l’armée égyptienne en mai 1948, pendant la guerre d’indépendance d’Israël. Le nom Ad Halom signifie littéralement « jusqu’ici » ou « pas plus loin » – une expression devenue, dans la mémoire collective israélienne, le symbole de la ligne ultime qu’un ennemi ne doit jamais franchir.

La jeune nation menacée

Nous sommes à peine quelques jours après la proclamation de l’État d’Israël. Les armées arabes coalisées envahissent de toutes parts le territoire naissant. Au sud, les Égyptiens avancent rapidement, menaçant de remonter jusqu’à Tel-Aviv. Une colonne entière est en marche, lourdement armée et confiante.

Face à eux, la brigade Givati, jeune unité de Tsahal encore mal équipée, reçoit un ordre désespéré : tenir coûte que coûte le pont de Lakhish, point de passage vital sur la route côtière. L’objectif est clair : faire sauter le pont, ralentir l’ennemi et tenir la position jusqu’à l’arrivée des renforts. Ce fut un combat d’hommes contre une armée, de courage face à une disproportion flagrante.

Un secours venu du ciel

À ce moment critique, un événement providentiel changea le cours de la bataille : Israël venait tout juste d’acquérir quatre avions – de vieux Messerschmitt rénovés vendus par la Tchécoslovaquie de Jan Mazaryk (1). C’était la première mission de combat de la toute jeune armée de l’air israélienne. Parmi les pilotes, Ezer Weizman, futur président d’Israël. Ces appareils, bien que rudimentaires, donnèrent à Israël un avantage psychologique décisif. Les Égyptiens, surpris par cette intervention aérienne inattendue, furent stoppés dans leur progression.

Le prix du sacrifice

La brigade Givati réussit à faire exploser le pont mamelouk et à défendre la rive du fleuve depuis une casemate, dans le cadre de l’opération Barak. Le combat fut acharné. 52 soldats Givati tombèrent pour défendre cette ligne. Mais ils avaient tenu. Et lorsque la poussière retomba, les Égyptiens étaient arrêtés. C’est là qu’un cri silencieux traversa l’Histoire : « Ad Halom ! » — Jusqu’ici, pas plus loin !

Une ligne qui se répète dans l’Histoire

Soixante-quinze ans plus tard, le 7 octobre 2023, Israël a de nouveau connu un choc brutal lors de ce que beaucoup ont appelé le “Shabbat noir”. Le Hamas, soutenu par l’Iran et en coordination avec le Hezbollah au nord, projetait une offensive multiple visant à faire tomber Israël : attaques massives depuis Gaza, soulèvement en Judée-Samarie, et menace simultanée sur le front nord.

Mais là encore, malgré la défaillance du renseignement et la surprise de l’État-major, le peuple s’est levé. Soldats, réservistes, civils : tous ont incarné ce même esprit du Ad Halom, cette détermination viscérale de défendre la vie, la terre, et l’alliance. Le plan d’anéantissement a échoué.

Ad Halom — la ligne de Dieu

Au-delà du fait historique, Ad Halom est devenu une métaphore spirituelle. C’est la ligne rouge que Dieu trace Lui-même à travers les générations : « Jusqu’ici, pas plus loin. » Dans chaque guerre, chaque menace, chaque tentative d’effacer Israël de la carte, Dieu dit “stop”. Cette limite invisible mais infranchissable ne diminue en rien le courage des combattants – les Givati, les Golani, les paras, les commandos Sarayet Matkal, Duvdevan, et autres unités de Tsahal…, mais elle rappelle que la main du Dieu d’Israël veille sur Son peuple.

Le 29 mai 1948, la bataille du pont de Lakhish est devenue un symbole éternel : celui de la foi, du courage et de la fidélité. Israël a tenu, et tient encore. Et à travers chaque Ad Halom de son histoire, résonne une promesse : “Celui qui garde Israël ne sommeille ni ne dort.” – Ps 121

 

  • Note sur Jan Masaryk et la Tchécoslovaquie

Jan Masaryk, fils du président Tomáš Garrigue Masaryk et alors ministre des Affaires étrangères, marcha dans les traces de son père. En 1927, Tomáš Masaryk fut le premier chef d’État européen à visiter la Palestine (sous mandat britannique). Il y rencontra les pionniers du Yishouv et manifesta sa sympathie pour la reconstruction juive. Fervent partisan de la cause sioniste, il plaça la morale biblique au cœur de la conscience nationale tchèque. En 1947, la Tchécoslovaquie figura parmi les 33 pays à voter en faveur de la Résolution de l’ONU recommandant la création d’un État juif. L’année suivante, elle apporta un soutien non seulement politique mais aussi militaire, crucial pour la survie d’Israël. Sous l’embargo des Nations Unies, les forces israéliennes manquaient d’armes ; la Tchécoslovaquie fut le seul pays disposé à en vendre à Israël après la Shoah.

David Ben Gourion déclara : « Ils ont sauvé notre pays. Je n’en doute pas. Les armes tchèques ont été l’aide la plus précieuse que nous ayons reçue. Elles nous ont sauvés, et je doute fort que nous aurions survécu au premier mois sans elles. ».

La famille Masaryk s’inscrivait dans la lignée spirituelle hussite et morave : une vision évangélique considérant la Bible comme fondement moral de la nation tchèque. Tomáš Masaryk défendit publiquement les Juifs contre l’antisémitisme (affaire Hilsner, 1899) — un geste moral rarissime à l’époque. Cette attitude découlait directement de l’éthique morave : refus du mensonge religieux, amour de la vérité biblique, et respect d’Israël. En résumé, la Tchécoslovaquie de 1948 est née d’une culture où l’héritage hussite-morave-biblique avait préparé les consciences à voir dans le retour d’Israël non pas une menace, mais une promesse biblique accomplie.

Voir ce LIEN : « Tchéquie, l’alliée inébranlable d’Israël face aux pressions de l’Union européenne »